LE RETOUR EN FRANCE OU LA FIN D'UN PERIPLE

QUAND L'ECHEC SE TRANSFORME EN REUSSITE :  LA NAISSANCE D'UN PROJET DE VIE

Martinville, Québec (Canada) - 05/10/2017

Notre visa canadien arrivant à terme, il est l'heure pour nous d'établir un bilan de ces six mois passés au Québec. Pour rappel, notre « crochet » par le Québec était une manière de renflouer nos caisses, afin de mieux repartir vers l'Amérique du Sud. Aujourd'hui, nous sommes au regret d'admettre que l'objectif financier est loin d'être atteint – nous pouvons, en effet, tout juste nous permettre de rentrer en France. Malgré vous tous qui vous êtes mobilisés derrière nous, nous ne pourrons malheureusement pas aller davantage vers le sud. C'est donc avec beaucoup d'amertume que nous avons pris conscience de cette dure réalité. Nous accusons sévèrement le coup, tel le marathonien sachant qu'il ne pourra franchir la ligne d'arrivée. En effet, après une longue préparation de deux ans qui a demandé beaucoup de sacrifices, après un périple d'un an et demi qui a demandé un engagement physique sans concession, nous voyons aujourd'hui notre rêve s'envoler. Nous rageons de ne pouvoir atteindre notre ligne d'arrivée par manque d'argent. Nous ne souffrons d'aucune blessure, d'aucune absence de volonté, d'aucun manque d'enthousiasme, mais nos poches sont vides et la roue s'est arrêtée de tourner pour nous, au bout de presque quinze mille kilomètres.

 

Loin de vouloir nous laisser abattre, nous nous faisons la promesse de revenir un jour pour terminer cette expédition qui nous tient tant à cœur. Et nous vous faisons la promesse, Louis Balmat, qu'un jour, nous ferons « péter ce Bouchon de Darien ».

 

Finalement, nous nous disons que rien n'arrive par hasard. Effectivement, il y a quelques mois nous voyions en ce beau pays qu'est le Québec un tremplin vers le sud. Après cet échec cuisant dans notre expédition, nous avons voulu retourner la situation à notre avantage. Car ces six mois passés dans l'est du Canada nous ont permis de vivre de belles expériences et de rencontrer des gens formidables. Nous y avons surtout entrevu une possible vie future. En fait le Québec s'est avéré être un tremplin vers un nouveau rêve, celui de toute une vie.

 

 

Le voyage a marqué un tournant dans notre vie. Un périple aussi long, en plein cœur de la nature, éprouvant mais tellement merveilleux ne pouvait que laisser des traces. Le retour ne pourra donc être comme nous l'imaginions avant de partir.

Au cours du voyage, nous avons été, la plupart du temps, privés de tout superflu et parfois même, livrés à nous même. Dans ce genre de situation, l'on se recentre inévitablement sur l'essentiel. L'expédition a également été, pour nous, l'occasion d'observer la beauté de la planète et d'être les témoins de ses périls environnementaux. Sur la route, à travers les dix pays traversés, de l'Alaska au Panama, nous avons rencontrés des gens et des organismes qui participent activement, à leur échelle, à rendre notre monde meilleur. Nous voulons nous aussi, aujourd'hui, nous engager en ce sens et agir à notre propre échelle.

Les innombrables heures passées à pédaler, assis sur nos selles, nous ont laissés le temps de penser à l'avenir et de réfléchir entre autres, à notre retour. Une question simple s'est alors imposée à nous : de quelle vie voulons-nous ? Nous imaginons entre autres, une vie à la campagne, en harmonie avec la nature, simple et sereine, loin du stress, dynamique mais sans précipitation, en produisant ce que nous mangeons. Cette vie future, nous ne la concevons pas sans savoir-faire. En fait, nos années d'études nous ont apportées une instruction, autrement dit un savoir, mais aucun vrai « savoir-faire ». Nous voulons aujourd'hui pouvoir créer et produire quelque chose à l'aide de nos mains.

Insatiables gourmands (surtout Mathieu), mais aussi gourmets lorsqu'il s'agit de fromage – qui nous a cruellement manqués au cours de ce périple outre-atlantique – notre envie commune de développer un savoir-faire s'est naturellement tourné vers la transformation fromagère. Cette dernière ne pouvait être que caprine au vue de l'attendrissement que nous éprouvons face aux chèvres, ces attachantes bêtes à cornes.

Dès lors, développer ce savoir-faire en tant qu'activité secondaire, en parallèle d'un emploi est devenu un réel souhait. Ainsi, nous aurions au retour en France, élevé quelques chèvre (2 ou3), à la maison, pour notre consommation personnelle, avec tous les avantages et contraintes que cela peut engendrer.

 

Notre parenthèse québécoise, où nous avons été de ferme en ferme pour travailler, nous a conduits en plein cœur de l'Estrie, où nous nous sommes arrêtés, quelques temps, à la ferme des Broussailles. En partageant le quotidien des éleveurs, notre amour pour la gente caprine a décuplé. Nous avons, jour après jour, pris énormément de plaisir à nous occuper des chèvres, à les traire (à la main) et à fabriquer du fromage. Nous ne sommes encore que des novices, mais sommes arrivés à la conclusion que nous voulions faire de l'élevage caprin notre activité principale. Cette activité devra être extensive et biologique. En effet, tout au long de notre périple, nous avons été les témoins des fléaux environnementaux de notre planète, notamment l'agriculture intensive. Déjà conscients du problème, nous nous sommes alors rendu compte, au fil de nos rencontres et de nos découvertes, qu'œuvrer pour une production locale, à petite échelle et biologique, c'était agir en faveur de l'environnement, agir pour le salut de notre belle planète.

Ainsi, à défaut d'avoir été un tremplin vers le sud, le Québec restera, pour nous, un tremplin vers l'avenir, vers notre nouvelle vie. Nous tenons, de ce fait, à remercier chaleureusement la famille Clerson-Labrecque, Jean-François, Julie, Safran, Noé et Cybèle, pour leur accueil et la transmission de leur savoir-faire. La ferme des Broussailles s'est révélée être une véritable révélation, celle d'un idéal de vie.

 

En définitive, nous souhaitons nous tourner vers vous tous, sans qui, rien de tout cela ne serait jamais arrivé. Merci à vous de nous avoir permis de vivre, pendant un peu moins de 2 ans, une expérience inoubliable, qui a finit par nous recentrer sur un projet de vie.

Nous tenons tout d'abord à remercier notre famille et nos amis pour nous avoir toujours soutenu, suivi et encouragé, avec force et amour ; une mention particulière va à nos parents, qui ont répondu présent à chaque instant.

Nous tenons ensuite à remercier vivement tous nos sponsors et partenaires. Il s'agit (dans un ordre alphabétique) de : À Fleur de Pot, B'Twin, le Bar du Stade, la Boulangerie-Pâtisserie Chez Guillaume et Émilie, la Boulangerie-Pâtisserie Ehrlich, la Charcuterie Picarde, le C.J.S. de Maignelay-Montigny, le Club 41 de Sallanches, Couleur et Beauté, David Fert, Dropeco, la Ferme des Preutins, le Festival de la Lanterne Rouge, l'Imagerie du Plateau Picard, Julbo, la Municipalité de Maignelay-Montigny, Nunayak, PicWic Valenciennes, le Relais de la Licorne, le Restaurant de l'Abbaye, Simond, Solognac, Soroptimist Le Quesnoy, le Summer Party Festival et les Vergers Telliers.

Nous adressons également un immense merci à toutes les personnes qui ont contribué financièrement à l'expédition (don d'argent, participation à nos pots commun, achats de produits dérivés, etc.)

Merci aux parrains et marraines de Monaine Junior et de Spider Math.

Merci à l'école Albert Camus d'avoir cru en notre projet et de nous avoir suivi durant ces quelques années (préparation et expédition). Nous allons nous revoir bientôt, en classe et à vélo ! Merci aussi aux autres écoles qui nous ont accueillis sur la route et qui ont bien voulu jouer le jeu.

Par ailleurs, merci à tous les médias qui ont fait l'effort de relayer l'information : France 3 Régions, La Voix du Nord, Le Dauphiné Libéré, Le Courrier Picard, L'Oise Hebdo, France Bleue Nord, Canal FM, goodplanet.info, ellesfontduvelo.com.

Merci aux fermes québecoises qui nous ont accueillis et qui ont bien voulu nous transmettre leur savoir-faire. Nous ferons de notre possible pour mettre à profit ces apprentissages.

Merci à Kelly, Cathy et Marcel d'être venus nous rendre visite outre-atlantique. Votre présence nous a fait beaucoup de bien.

D'autres remerciements vont au Docteur Perraudin pour son fabuleux travail sur le genou de Julie, tout comme à Sylvain des 6 Bonniers et Archie Karas pour l'immense aide apportée à Reblochon.

Merci à Franck Schneider et Chantal Ozanne pour avoir mis Julie sur la voie du voyage alternatif.

Merci à Marion et Virgile (Les Pignons Voyageurs), Jade et Jordan (L'Amérique sur 3 Plateaux), au Festival du Voyage à Vélo de Vincennes et à tous ces festivals qui ont le mérite d'exister, pour leur aide dans la préparation de notre expédition. Merci à tous ceux qui ont un jour osé vivre leur rêve et qui nous ont donnés l'envie de réaliser le nôtre.

En plus du réseau Warmshowers, de tous les personnes et les amis rencontrés sur la route, qui nous ont aidés et/ou accueillis et qui ont ainsi facilité notre voyage, nous tenons enfin à remercier toutes les personnes qui nous ont suivi à travers notre page Facebook et notre site internet www.anchoraia.jimdo.com, en nous transmettant une motivation et une énergie dont nous ne pouvons estimer la valeur.

Merci à vous tous qui avez permis, de près ou de loin, à la réussite du projet Anchoraïa. Nous vous sommes tous infiniment redevables.

 

 

Nous adressons, en guise de conclusion de ce fabuleux périple, un ultime remerciement à Dame Nature qui nous a tant émerveillés, jour après jour, frontière après frontière. Pour sûr, il ne faudra pas longtemps pour qu'on enfourche à nouveau nos bicyclettes, qu'on enfile nos chaussures de randonnée ou que l'on saute à cheval, pour de nouvelles aventures !

 

Les Tourne Sol'

Les photos de la Ferme des Broussailles :

Les photos des Retrouvailles au Québec :

Les photos de la Ferme Alpagas Portneuf :

Les photos de la Récolte de la Rouge :